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100 ans de l'URSS, la naissance d'un État à l'avant-garde du socialisme

En 1917, le croiseur Aurore sonne les trois coups de canon de la Révolution d’Octobre. Dans la foulée est créée l’URSS, le premier État socialiste de l’Histoire. Il y a 100 ans était signé le traité qui donnait vie à cet État.

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Par la rédaction

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En 1917, le croiseur Aurore sonne les trois coups de canon de la Révolution d’Octobre. Dans la foulée est créée l’URSS, le premier État socialiste de l’Histoire. Il y a 100 ans était signé le traité qui donnait vie à cet État. Son existence, l’URSS la mène sur le fil. Constamment menacée de toutes parts. En presque 70 ans, elle a divisé, fait débat, créé des attentes, créé des espoirs. Elle a été un précurseur de ce nouveau monde qui s’avance, au-delà du capitalisme. Un État à l’avant-garde du socialisme.


La situation historique d'avant la Révolution

En 1914, la Russie est un pays arriéré et pauvre tenu par une aristocratie de propriétaires fonciers vivant sur des structures très marquées par le féodalisme et qui sont au service du Tsar Nicolas II, qui massacre le peuple et ses mouvements révolutionnaires (comme en 1905 par exemple). La Russie impériale est engagée dès le 31 Juillet 1914 dans la Première Guerre mondiale. Pour le peuple russe, que ça soit ceux sur le front ou ceux restés à l’arrière et fournissant l’effort de guerre, la vie est devenue insupportable, le prix des denrées est parfois multiplié par 20 (1). Du 8 au 16 Mars 1917, le peuple russe et une importante partie des forces de l’ordre du Tsar se révoltent contre Nicolas II et le renversent, le forçant à fuir avec sa famille. Des Conseils (« Soviets » en russe) d'hommes du peuple se forment à Petrograd. La bourgeoisie qui a repris le flambeau du pouvoir veut cependant continuer la guerre. Du 7 au 8 Novembre 1917, un nouvel espoir se forge avec la Révolution d’Octobre (Novembre dans le calendrier Grégorien) menée par les bolchéviks de Lénine qui renversent le gouvernement provisoire des renégats sociaux-démocrates (2) va-t-en-guerre. Cette révolution sauve sur le long terme le peuple russe de ses souffrances. En effet, les décrets faits par Lénine le 8 Novembre donnent aux paysans ce qui leur revient de droit, la propriété sur leurs terres, et déclarent la sortie russe de la guerre impérialiste. Le 8 Mars, le traité de Brest-Litovsk met fin à la présence russe dans le conflit mondial, même s’il ampute le territoire russe de plusieurs de ses régions (notamment l’Ukraine). La guerre mondiale se transforme en guerre civile pour les russes qui doivent désormais se battre contre les armées blanches, fidèles au Tsar. Malgré la terreur blanche, la supériorité matérielle et technologique des blancs et les 14 armées envoyées par les puissances capitalistes pour écraser la révolution et les bolchéviks (Winston Churchill a dit « le bolchevisme doit être étranglé dans son berceau »), les victoires décisives de l’Armée Rouge à Tsaritsyne face aux blancs en Janvier 1920 et face aux envahisseurs étrangers dans les mois suivants sonnent le glas du Tsarisme, humilient les puissances capitalistes de l’Ouest et de l’Extrême-Orient et transforment à terme la Russie en un État socialiste.

Après la victoire contre les ennemis du peuple russe, le Pays des Soviets s’engage dans la reconstruction de l’économie nationale délabrée. Le pays est ruiné par sept ans de guerre, la victoire coûte cher. La production agricole de 1920 n’est que la moitié de celle de 1914, l’industrie n’est qu’à 1/7 de celle d’avant 1914. Les usines sont stoppées, les mines détruites ou inondées. Le pays manque de ressources et de quoi assurer le strict minimum. Cette situation produit le mécontentement des paysans comme des ouvriers (qui sont pleins d’ambition pour le socialisme). La base nécessaire qui doit permettre aux premiers de nourrir les seconds est insuffisante. Le mécontentement des ouvriers pousse au déclassement ceux qui ont choisi de redevenir paysans. Le pays est en proie à la famine et à la fatigue. En Mars 1921, la ligne de Lénine décide au Xe Congrès du passage du Communisme de Guerre à la Nouvelle Politique Économique. La NEP prévoit de laisser une plus grande marge de manœuvre au secteur privé, c’est une réinjection clairvoyante et nécessaire du capitalisme dans l’économie soviétique. La NEP renforce l’alliance des ouvriers et des paysans sur une base nouvelle. La Dictature du Prolétariat s’en trouve renforcée, le banditisme de certains propriétaires terriens est presque entièrement vaincu avec l’aide des paysans moyens. L’agriculture, l’industrie et les transports, font des progrès, l’activité économique gagne en vigueur. Les conséquences des mauvaises récoltes prennent fin et l’économie paysanne se redresse. Les chemins de fer fonctionnent et les usines reprennent le travail tout en se multipliant. L’essor économique est certain malgré sa lenteur. En Octobre 1922 est remportée une très grande victoire par l’Armée Rouge : Vladivostok est libérée de l’occupation des bandits impérialistes japonais, le territoire russe tout entier est libéré. En Novembre 1922, Lénine fait son dernier discours public, dans celui-ci, il dit que de la Russie de la NEP sortira la Russie Socialiste.

Des débats ont lieu pour savoir si le nouvel État, qui doit incorporer d'autres peuples que le peuple « grand-russe », doit prendre une forme fédérale ou bien centralisée autour de la Russie. Alors que Lénine conseille de passer ce qu'il appelait des « compromis acceptables » avec les mencheviks géorgiens, Staline pense qu'il faut au contraire la fusion des trois Républiques caucasiennes dans une Transcaucasie unie à la RSFSR. Ce dernier fait aussi adopter par le Comité central du Parti l’absorption par la RSFSR de toutes les Républiques indépendantes qui ne seront que autonomes. Lénine y oppose « une fédération de Républiques possédant des droits égaux », y compris celui de sécession, nommée « Union des Républiques Socialistes Soviétiques ». Le Comité central approuve ce nouveau projet de Lénine, mais rejette la demande des communistes géorgiens d’adhésion directe à l’URSS. Finalement, après de nombreux débats parmi les bolchéviks, il est décidé que l'État socialiste doit prendre une forme fédérale. Le 30 Décembre 1922, au 1er Congrès des Soviets, le traité d’union est signé entre la RSFS de Russie, la RSFS de Transcaucasie, la RSS d'Ukraine et la RSS de Biélorussie, donnant naissance à l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

Les espoirs suscités par la fondation de l'URSS

Le nouvel État est confronté à des défis inconnus encore et qui marquent dès le début son rôle sur la scène internationale et dans l’histoire. L’Union soviétique est le premier État socialiste. Il est directement issu de l’histoire des XIXe et XXe siècles et du contexte historique de l’Empire russe et va s’efforcer de bâtir une façon de produire les richesses jamais vue encore à l’échelle d’un pays, avec tout ce que cela suppose.

Ces immenses défis sont : la lutte pour l’industrialisation, la lutte contre la déstabilisation intérieure de l’Union et la lutte constante pour la survie du pays à l’échelle internationale.

Tout d’abord, la lutte pour l’industrialisation. On ne fait pas une révolution à la charrue, et ça, l’URSS sortie du sein du féodalisme tsariste le sait. Il faut construire des usines, augmenter les rendements, développer les forces vives de la production en Union soviétique. C’est l’essor du stakhanovisme, on loue le travail, vu comme un véritable outil patriotique. Lors du premier plan quinquennal (1928-1933), la proportion des ouvriers dans l’industrie, la construction et les transports passe de 4,6 millions à 12,6 millions. La production de charbon, d’acier, de ciment, de métiers à tisser et de machines-outils dépasse le niveau d’avant-guerre. Ces politiques ouvrent la voie au développement du pays, qui devient la deuxième puissance mondiale, derrière les États-Unis. On prête couramment à Churchill une citation à propos de Staline. Il aurait dit, notant donc les efforts de toute cette période : « Il a trouvé le pays avec la charrue, il l’a laissé avec la bombe atomique ».

La lutte contre la déstabilisation intérieure de l'Union est le fruit de l’existence de factions, de courants, qui se battent sur le plan idéologique et politique au sein même du Parti. De toutes ces luttes, la plus importante se dirige contre le courant trotskiste et aboutit en partie aux procès de Moscou en 1936. Ce courant sera notamment accusé au cours des années d'organiser sciemment un bloc d'opposition au sein du pays pour déstabiliser le socialisme. L'existence du bloc d'opposition sera avérée a posteriori après l’ouverture des archives de Trotski en 1980 par l'historien Pierre Broué (3). La lutte d’alors contre le courant trotskiste peut s’analyser comme la volonté d’empêcher la division de l’État socialiste déjà menacé de l’extérieur, triste conclusion à laquelle aurait abouti la scission et le complot de ce courant à l’intérieur de l’État, courant cherchant à rétablir une « pureté » révolutionnaire après laquelle il court encore aujourd’hui, souvent contre le socialisme réel.

Cette vidéo questionne à la fois le trotskisme et Trotski lui-même sur le plan historique. Il s’agît de comprendre la théorie développée par le fondateur de l’armée rouge et de saisir en quoi elle se poursuit dans certains partis politiques actuels. Après avoir montré les limites de cette théorie, il s’agit pour nous dans cette vidéo de constater factuellement et non de manière idéologique la trahison comme invariant du trotskisme.
Il s’agit dans cette vidéo de constater factuellement et non de manière idéologique la trahison comme invariant du trotskisme.
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Dans l’immédiateté, ces évènements font le beurre de la propagande anti-communiste occidentale qui y voit l’expression d’une tyrannie et qui inconsciemment sent bien la menace que fait peser l’existence de ce nouvel État socialiste sur le capitalisme.

Ceci nous amène au dernier point : la lutte constante pour la survie du pays à l’échelle internationale. Dès le début, la Révolution d’Octobre provoque un séisme dans le Monde. Les retombées de ce séisme vont jalonner l’histoire soviétique, et l’histoire du Monde pour le siècle à venir. À l’annonce de la Révolution, la SFIO se scinde en “vieille maison” aux accents nostalgiques décrite par Léon Blum, et une Section française de l’Internationale Communiste, chargée d’organiser le prolétariat à l’échelle nationale, qui prendra le nom de PCF en 1943.

Dès lors, pour le monde entier, ce qu’il se passe en URSS devient l’objet de toutes les attentions. Pour les uns parce que l’Union fournit l’expérience socialiste nécessaire au dépassement du capitalisme. Pour les autres parce que l’expérience socialiste menace le capitalisme, par son existence et son influence. L’exemple le plus éclatant sont les années d’après-guerre qui voient grossir les mouvances fascistes en Italie et en Allemagne, contre les communistes et contre l’URSS, mouvances financées par le capitalisme occidental et par la rancœur des anciens tsaristes antibolchéviques. Un autre exemple frappant à plus d’un titre est l’organisation du Front antifasciste pour lutter contre l’Allemagne nazie en Europe. Alors que les demandes d’alliance avec l’Angleterre et le gouvernement français contre l'Allemagne fasciste affluent de l’URSS, elles sont formellement récusées par ces mêmes gouvernements bourgeois, qui pourtant offriront à Hitler les Sudètes à Munich. Ce n’est que bien plus tard, comprenant que pour les gouvernements occidentaux le front antifasciste n’est pas à l’ordre du jour, que l’Union soviétique se résoudra à défendre ses propres intérêts, et à se donner du temps pour faire tourner à plein son industrie d’armement, avant la Grande Guerre patriotique qui libérera l’Europe du nazisme le 8 mai 1945. Tout ceci constitue en quelque sorte un prélude à la guerre froide qui divisera le monde pendant toute la seconde moitié du siècle et qui ne fera que prolonger cette hostilité de l’Occident à l’égard de l’URSS, qui a débutée bien plus tôt, dans le creuset des années 20, dès le début de son existence.

Son existence, l’URSS la mène sur le fil. Constamment menacée de toutes parts. Mais elle offre aux peuples l’élan qu’ils attendaient.

La Maheude disait :

« Ce serait le grand coup : s’enrégimenter tranquillement, se connaître, se réunir en syndicats, lorsque les lois le permettraient ; puis, le matin où l’on se sentirait les coudes, où l’on se trouverait des millions de travailleurs en face de quelques milliers de fainéants, prendre le pouvoir, être les maîtres. Ah ! quel réveil de vérité et de justice ! »
Emile Zola, Germinal

Nous avons progressé depuis, nous avons accumulé de l’expérience et de l’Histoire. L’URSS, aussi, nous nourrit de ses expériences pour tracer la voie d’un socialisme français dans le monde contemporain. Elle nous a montré qu’il n’y a pas de fatalité, qu’un État socialiste peut faire de grandes choses, mais aussi des erreurs. Que son existence est constamment menacée, elle a offert à des millions de gens l’espoir d’un avenir meilleur.

Il y a 100 ans naissait l’Union soviétique, un État à l’avant-garde du socialisme.


(1) Par exemple des pommes de terre qui coûtent 4 roubles avant la guerre peuvent en 1917 coûter plus de 40 roubles.
(2) Le terme “social-démocrate” a évolué avec le temps. C’est d’abord par ce terme là que se présentent les communistes, partisans de la démocratie sociale. D’une démocratie pleine et entière, épanouie, atteinte par le dépassement du capitalisme. Après la Révolution d’Octobre le terme se trouve modifié. Dorénavant il y a une séparation entre les communistes, et les sociaux-démocrates, les socialistes partisans de la démocratie bourgeoise.
(3) Ici, diverses sources peuvent être mobilisées. Le premier historien à avoir eu accès aux archives de Trotski, qui se trouvaient alors à Harvard, est le français Pierre Broué (lui-même trotskiste). Mais encore : Le vol de Piatakov, publié chez Delga en 2021, Un autre regard sur Staline de Ludo Martens, qui regroupe déjà un certain nombre de sources étayant l’hypothèse des complots, Life and Terror in Stalin’s Russia, de l’américain Robert Thurston, ou bien encore le livre de Viktor Zemskov récemment publié aux éditions Delga, intitulé Staline et le peuple : pourquoi il n’y a pas eu de révolte.
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